En 2004, pour prévenir une poussée inflationniste, la FED commence à monter ses taux. Face à une économie trop dynamique et des craintes sur l’inflation. Elle relèvera ses taux entre juin 2004 et juillet 2006 de 1% à 5.25%, qui sera son taux terminal. Une hausse relativement semblable à celle observée actuellement si ce n'est qu'elle s'est construite sur quasiment 2x plus de temps.
Pendant ce temps-là, le S&P encaisse bien cette remontée brutale, grappillant même quelques % sur la période : De 1809 points à 1886 points 2 ans et 1 mois plus tard.
Les premières alertes arrivent mi 2007, quand en Avril New Century, le n°2 du crédit habitat US fait faillite, puis à l’été 2007 lorsque plusieurs fonds spéculatifs font faillites à leur tour ou sont tout simplement gelés par celles-ci. Les banques centrales doivent intervenir et amorcent leur baisse de taux à l’été 2007, soit après un peu plus d’un an de taux terminaux à leur plateau.
La chute du S&P commence après le début de la baisse des taux de la FED, en octobre 2007, pour réellement accélérer mi-2008. La panique s’emparera des marchés à partir du mois d’aout 2008.
La situation actuelle n’a rien à voir à bien des égards avec celle de 2008, beaucoup de choses ont changées avec de nombreuses leçons apprises de la grande crise : Les banques sont mieux régulées, leurs comptes ne sont pas truffées de prêts pourris préparés à leur exploser à la figure et les banques centrales interviennent au lieu de laisser les choses se gâter.
Rassurant ? Non, pas vraiment. Malgré toutes les bonnes leçons tirées de la crise de 2008, 2 paramètres ont changés et pourraient s’avérer potentiellement explosifs.
Le premier, c’est que les premiers éléments graves (SVB, Crédit Suisse) interviennent cette fois beaucoup plus tôt. Ces deux banques ont été en état de faillite tout juste un an après le début de la hausse des taux de la FED. En 2007, les premières grosses faillites arrivent pratiquement un an après l’atteinte du taux terminal de la FED. Certes ces cas sont particuliers, SVB était très mal gérée avec une gestion du risque inexistante quand Crédit Suisse était un canard boiteux de longue date. Toujours est-il que cette hausse des taux, la plus rapide depuis 40 ans semble avoir grandement fragilisé un système bancaire qui n’y était pas forcément préparé, avec un certain nombre d’établissements dont les faiblesses pourraient bien causer leurs fins.
Le deuxième élément très préoccupant, c’est la facilité et la rapidité à laquelle les fonds peuvent bouger à l’air du tout numérique. La déroute éclair de SVB s’est produite quand ses dépôts se sont évaporés en à peine quelques jours. Crédit Suisse a perdu 150 milliards de dépôts en un trimestre quant il aurait sans doute fallu beaucoup plus de temps pour en arriver à cet asséchement en 2008. Les faillites peuvent donc se produire du jour au lendemain ou presque puisque si une banque perd la confiance de ses clients, ceux-ci peuvent massivement retirer leur argent en quelques jours voire quelques heures.
Comment dans ce cas réussir à garantir l’équilibre d’un système dont les piliers reposent sur la confiance et la stabilité ?
La situation actuelle semble contenue avec un interventionnisme extrêmement rapide et volontariste des grandes institutions financières mais la panique peut ressurgir en quelques heures et pourrait vite submerger celles-ci vu la vitesse d’action des déposants quels qu’ils soient.
Une chose est sure, la crise financière qui pourrait venir (ou qui a déjà commencée ?) ne sera pas un copier-coller de 2008. Mais il vaudrait mieux pour tout le monde que l’inflation se calme rapidement …
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