top of page
q.dyon

Nexans : Une position parfaite à l’aube d’un super-cycle d’électrification ?

I - Historique

Nexans est né il y a cent-vingt-cinq ans en 1897 avec les pionniers de l'électricité comme Tesla, Westinghouse, Benjamin Franklin et Thomas Edison qui avaient besoin de câbles pour transporter l'électricité. L’électrification progressive du monde a porté le développement et la croissance du groupe sur ses quatre-vingts premières années d’existence.


Autrefois Alcatel Câbles, filiale du groupe Alcatel s'est diversifiée dans les années 1990 dans les secteurs de l'automobile, des télécoms et de l'industrie en général. Le groupe est ainsi devenu un multi-généraliste couvrant 34 secteurs dans des marchés très différents.


En 2000, Alcatel Câbles et Composants devient Nexans et s’introduit en 2001 à la Bourse de Paris, marquant la scission de Nexans et d'Alcatel. Les années suivant l’IPO sont extrêmement positives. La période qui suit est faste pour le groupe. Le cours de bourse suit cette très belle dynamique avec un cours passant de 10€ en avril 2003 à un pic de 118€ en juillet 2007.

Mais la crise financière change la donne. Le cours de bourse s’effondre de 118€ à 23€ en mars 2009. Le problème c’est que cette crise fragilise durablement le groupe qui peine à repartir de l’avant et enchaîne les déconvenues sur la période 2009-2018 : Pertes financières, plans sociaux à répétition, menaces d’OPA, crise de gouvernance. Le câblier ne passe pas très loin de la disparition.


« Entre 2010 et 2018, le groupe a vécu une période noire. Nous sommes partis du principe que volumes ne veulent pas dire profit. »


Pour sortir de ce marasme, le groupe entreprend un recentrage, un retour aux sources en somme pour se recentrer pleinement sur l’électrification.


Ce recentrage passe par un désengagement de l’automobile, des télécoms et de l’industrie (automatismes, ferroviaire, maritime…).


Cette stratégie et ce virage sont pleinement assumés par la direction : Convaincu que rester un généraliste deviendra à terme une faiblesse plutôt qu’une force, Nexans entend devenir un pure player de l’électrification qui ne représente aujourd’hui que 55% de son chiffre d’affaires.


Et force est de constater que le revirement du groupe a porté ses fruits avec l’un des plus beaux parcours boursiers sur les 2 dernières années.


II – Des marchés (très) porteurs


Les marchés sur lesquels Nexans opère sont porteurs. Le marché mondial du câble devrait progresser de 4,3 % par an sur les dix prochaines années et avec son recentrage, le groupe entend profiter au maximum de l’augmentation des besoins en électrification et du développement continu du renouvelable. Deux grandes tendances qui, loin d’être terminées devraient encore s’accélérer :


- Les capacités de production d'électricité issue des renouvelables devraient être multipliées par x2.6 d'ici 2030

- Les besoins en énergie électrique à produire devraient eux augmenter de +17% sur la même période


Nexans a choisi de se concentrer sur 4 principaux marchés.

LE MARCHÉ DES CÂBLES POUR LES PARCS ÉOLIENS OFFSHORE

L'éolien offshore est de plus en plus rentable par rapport à d’autres technologies renouvelables, il sera un facteur majeur de transition vers des énergies durables, indispensable pour aider les pays à atteindre leurs objectifs au titre de l’Accord de Paris au cours des prochaines décennies. L’accélération de la décarbonation de l’énergie offre une opportunité extraordinaire de croissance sur le marché de l’éolien offshore, qui devrait passer de 2,5 à 8 milliards d’euros d’ici à 2030.


LE MARCHÉ DES CÂBLES POUR LES INTERCONNEXIONS

Les interconnexions haute tension sont une technologie majeure qui facilite l’exploitation de l’éolien offshore pour la tenue des engagements climatiques. Ces câbles sous-marins, souterrains ou aériens relient les autoroutes d’électricité à l’intérieur d’un pays ou entre deux pays, permettant ainsi le commerce et le partage des surplus énergétiques, quelle que soit leur source. Le marché des câbles d’interconnexion – notamment la conception, la fabrication et la pose de câbles terrestres et sous-marins pour l’échange d’électricité – va lui aussi se développer pour passer de 1.2 milliards en 2022 à plus de 5 milliards d’euros d’ici à 2030.


LE MARCHÉ DES CÂBLES POUR LES OPÉRATEURS

Des milliers de milliards d’euros d’investissements dans les infrastructures ont été annoncés en Europe, aux États-Unis et en Asie. Ces investissements soutiennent le nécessaire développement des énergies renouvelables, qu’il s’agisse du déploiement de l’éolien ou de la modernisation des réseaux d’électricité – vieux en moyenne de plus de 40 ans en Europe et en Amérique du Nord – afin de prévenir les coupures. Cet aspect essentiel de l’électrification devrait susciter une croissance du marché, de l’ordre de 4,2% par an au cours de la cette décennie.


LE MARCHÉ DES CÂBLES POUR LES BÂTIMENTS

Une croissance du marché des câbles pour les bâtiments est à attendre en raison des nouveaux usages de l’électricité, tels que l’e-mobilité et l’électrification accrue de la population. Dans les pays émergents, le marché devrait atteindre 81 milliards d’euros d’ici la fin des années 2020, alors que l’accent est de plus en plus mis sur la sécurité. Dans les pays industrialisés, le besoin tient davantage à la modernisation des bâtiments, en particulier ceux construits dans les années 1970 ou 1980, équipés de câbles PVC risquant de propager le feu et les fumées toxiques. Les besoins accrus de connexion dans et entre ces constructions seront également primordiaux.


III - Les grandes manœuvres ne sont pas finies : Un milliard d’euros de cessions et autant d’acquisitions pour finaliser la réorientation vers l’électrique


Cessions

« Pour bénéficier à plein de cet hyper-cycle, Nexans a besoin de se recentrer sur les métiers de l’électrification (énergies renouvelables, interconnexions, renouvellement du réseau électrique) et de réduire la complexité dans la gestion du groupe. »



« La complexité et la mutation des marchés nécessitent des acteurs « Pure player » de leur marché. Nexans a donc besoin de se recentrer sur son métier historique de l’électrification et de renoncer à son statut de groupe diversifié. Nos activités télécoms, automobile ou industrie sont en bonne santé et l’idée est de les céder pour réallouer les liquidités et les investissements sur nos métiers stratégiques de l’électrification. »


Nexans veut ainsi engager la cession d'activités qui pèsent pour 27 % de son chiffre d'affaires et qui emploient près de la moitié de ses 26.000 salariés.


« L’idée est de nous désengager des activités de diversification à l’horizon 2024 mais sans pression pour y parvenir. »


« Brader nos actifs ne nous intéresse pas. Ils se portent très bien et sont rentables. Par conséquent, nous ne sommes pas pressés. Le message essentiel est le suivant : peu importe le périmètre de Nexans à fin 2024, les objectifs financiers du plan stratégique seront atteints quoi qu’il arrive. »


Acquisitions


En 2021, Nexans annonce la couleur : « Un objectif de 2,5 milliards d'euros d'acquisitions pour "5 - 6 entreprises" afin de développer sa part dans l'électricité. »


« L’idée est donc de réaliser des acquisitions sélectives et régionales dans les principales zones géographiques aux Etats-Unis, en Asie et en Europe en ciblant des tailles comprises entre 200 millions et 1 milliard de chiffre d’affaires. »


Et de fait, Nexans avance bien dans son plan de bataille.


En avril 22, l'acquisition de son concurrent colombien Centelsa est finalisée auprès de la société mexicaine Xignux. Le chiffre d’affaires de 307 ME en 2021 vient renforcer la présence de Nexans en Amérique Latine.


En novembre 22, un accord est conclu pour un prix de 53 millions d'euros avec Reka Industrial Plc coté à Helsinki en vue de l'acquisition de Reka Cables. Avec un chiffre d'affaires estimé à plus de 160 millions d'euros en 2022, cette société, présente dans quatre pays, fait partie des leaders du marché finlandais et jouit d'une excellente réputation dans les pays nordiques.


Ces acquisitions stratégiques et régionales sont loin d’être terminées. Dans le même temps, le groupe bénéficie de ses investissements stratégiques réalisés au cours des dernières années.


« On avait fait le pari d'investir 150 millions d'euros dans notre usine américaine de Charleston, en Caroline du Sud, pour qu'elle puisse fabriquer également des câbles sous-marins. Résultat, aujourd'hui on est les seuls à en faire aux Etats-Unis, qui sont donc +Made in America+ »


Nexans a également réalisé d’importants investissements pour accompagner le développement de ses capacités sur le marché de l’éolien en mer. Le groupe a investi 170 ME dans son navire Aurora qui lui permet d’augmenter significativement force de frappe dans les câbles sous-marins. A peine mis en service fin 2021, le navire avait déjà un carnet de commande plein jusqu’à fin 2024. « L'Europe et l'Asie sont notamment très demandeurs pour l'éolien en mer. Et il faut des navires spécialisés et de grandes longueurs de câble pour raccorder ces fermes éoliennes car elles sont de plus en plus souvent situées loin des côtes pour générer moins de nuisances et bénéficier des vents du large qui sont plus forts et réguliers. »

Enfin, le groupe s’est doté d’un centre d’innovation flambant neuf appelé Ampacity qui a ouvert ses portes fin juin. L’investissement de 20 ME permettra d’innover sur les outils digitaux, les matériaux durables ou encore les câbles haute-performance.


Conclusion


Difficile de questionner la stratégie du groupe tant elle paraît cohérente et bien déployée. Les investissements réalisés au cours des 5 dernières années portent leurs fruits. Nexans continue à se recentrer sur l’électrique pour profiter au mieux des marchés les plus porteurs avec une politique d’acquisition dynamique et des cessions mais sans brader ses actifs qui restent rentables. Quid de l’inflation et de l’énergie ? Tout semble sous contrôle de ce côté-là également.


« L’un de nos atouts est l’indexation automatique et le pass through des prix des matières premières et notamment des cours du cuivre dans les contrats signés avec nos clients. Ce n’est pas un problème pour Nexans à l’heure actuelle. »


« Contrairement aux métallurgistes ou aux sidérurgistes, Nexans est moins énergivores (3% à 4% du chiffre d’affaires). Nous sommes donc moins impactés par l’inflation énergétique et des plans de sobriété permettent d’optimiser notre consommation. Nos besoins sont couverts en Europe jusqu’à fin 2023. »


PARTIE 2 : EXERCICE DE VALORISATION


Cet exercice de valorisation se composera de plusieurs parties qui viseront à étudier et noter chaque composante du business. La note finale impactera 3 types de valorisation : Base, croissance et sectorielle, qui ensemble donneront une JUSTE VALORISATION du titre.


SOMMAIRE :


1 Ratios de valorisation

2 Dynamique et bilan

3 Macro

4 Environnement internet et externe

5 Management

6 Catalyseurs & Historique

7 Valorisation sectorielle


RATIOS DE VALORISATION

Avec un PER attendu de 14 pour 2022, la valorisation des résultats apparait en cohérence avec la moyenne du marché. Nexans apparait toutefois légèrement moins bien valorisé que ses concurrents les plus proches, et, du fait de la nette revalorisation récente du titre, moins abordable que par le passé même si sa situation n’a rien de comparable.

DYNAMIQUE ET BILAN

Que de chemin parcouru en quelques années. Nexans a effacé en quelques exercices presque 10 années moribondes ou l’accident industriel n’est pas passé très loin.


En seulement 3 ans, les ventes sont passées de 4600 ME à 7000 ME soit +50%. Dans le même temps, le résultat net bien ancré dans le rouge en 2019 n’a cessé de progresser pour se rapprocher des 300 ME pour 2022.


Les estimations pour les années suivantes semblent indiquer un tassement de la croissance mais je n’aurai pas d’inquiétudes sur celle-ci vu le dynamisme des marchés sur lesquelles opère le groupe et sa politique d’acquisition qui est loin d’être terminée. Difficile de trouver meilleure combinaison à l’heure actuelle que l’électrification couplé aux énergies renouvelables. C’est sans aucun doute un des méga-trends actuels les plus puissants.

Côté dette, celle-ci est maitrisée tandis que la visibilité de l’activité est excellente. Enfin, le taux de marge qui a longtemps passé après les volumes s’est sensiblement corrigé avec le redressement récent du groupe.


MACRO

La récession à venir ne devrait avoir un impact que marginal, loin de celui constaté lors de la grande crise de 2008. Que ce soit l’inflation ou le pricing power du groupe, il n’y a pas d’inquiétudes à avoir pour le moment, l’inflation étant répercutée sans trop de soucis. Nexans s’est même offert le luxe de relever ses objectifs récemment.

ENVIRONNEMENT INTERNE ET EXTERNE

Pas d’achats ni de ventes notables de dirigeants récemment. Nexans est toutefois de plus en plus attaqué par les vendeurs à découvert avec près de 3% du capital dans leurs mains.


MANAGEMENT

Les décisions stratégiques prises sur la deuxième partie des années 2010 ont porté leurs fruits. La stratégie du management de se recentrer sur les activités électriques et renouvelables sont à porter à leur crédit.


CATALYSEURS + HISTORIQUE

Alors que beaucoup de sociétés ont été en souffrance en 2022, Nexans se payait le luxe de remonter ses objectifs pas plus tard que fin octobre. Le parcours boursier récent du titre a été tout à fait remarquable au cours de 2 dernières années après une longue période compliquée.


NOTE FINALE


VALORISATION SECTORIELLE

Avec sa capitalisation actuelle, Nexans est valorisé 0.52x son chiffre d’affaires. C’est moins que son concurrent Italien Prysmian (0.58x le CA) ou que l’Américain Encore Wire (0.85x le CA).


Aussi, une valorisation sectorielle autour de 0.6x le CA me semble assez cohérente.


JUSTE VALORISATION





A l’issue de ce travail de valorisation intégrant la dynamique du groupe, sa santé financière, ses perspectives de croissance et l’étude de ses comparables ; le calcul fait ressortir une juste valorisation du titre à 118.44€. Soit un potentiel de 39.4% lors de l’analyse (84.95€).


CONCLUSION

Malgré le parcours boursier récent du titre (x3 depuis le krach covid ; +80% par rapport au sommet pré-covid), il semble y avoir encore y avoir de la place pour aller plus haut. Les marchés sont porteurs avec un potentiel assez gigantesque (éolien off-shore x3 d’ici 2030 ; câbles interconnectés x4 d’ici 2030). Nexans, dont la situation s’est grandement améliorée à tout pour en profiter.


Le groupe se dit à l’aube d’un hyper-cycle de vingt-ans dans les infrastructures électriques et tout semble indiquer qu’il a raison.


A court terme, les problématiques actuelles que sont l’inflation et l’énergie ne semblent pas affecter outre mesure le groupe. Il faudra toutefois scruter l’impact de la récession sur ses activités.


Pour ce qui est de la configuration graphique du titre, c’est probablement là que les inquiétudes sont à chercher. Après 2 années et demi de hausse, le titre montre des signes de faiblesse, peinant à retrouver ses plus hauts de la fin de l’été. Les anciens sommets de 2017 sont loin (56€), de même que ceux pré-covid (48€). Difficile d’imaginer Nexans aller chercher aussi bas. Si une première position sur les niveaux actuelles est tout à fait envisageable, j’attendrais néanmoins un peu de voir l’évolution du titre en début d’année avant de vraiment passer à l’achat.


OPINION > NEUTRE


Rappel : Ce travail n’est en aucun cas un conseil en investissement. Il vise simplement à produire une analyse d’une société cotée et tente de valoriser celle-ci au vu des éléments analysés.


61 vues0 commentaire

Comments


bottom of page